06 novembre 2006

 

Été indien

Dejima Wharf, c'est comme les Planches de Deauville qui, au lieu de border une plage, longeraient un port, avant de déboucher sur la promenade verdoyante de Mizube no Mori.

Aujourd'hui, profitant de la relâche dominicale, je suis allée manger une salade mexicaine sur le port. Oui, vous avez bien lu, toute frileuse que je suis, j'ai déjeuné en terrasse un 5 novembre, et sans avoir besoin de m'emmitoufler dans une combinaison de ski !
En général, on dit que les premiers frimas arrivent dès qu'on passe le Kunchi, mais cette année, l'automne est très clément. Les esprits chagrins prédisent que l'hiver n'en sera que plus rude, et j'espère qu'ils ont tort, car je ne suis pas pressée de m'intoxiquer à nouveau avec les effluves de mon poêle à pétrole.

Après avoir déjeuné, je suis passée voir deux expositions où des amis qui peignent présentaient quelques œuvres. C'est d'ailleurs étonnant, le nombre de Japonais que j'ai pu rencontrer qui, en dehors de leurs heures de travail, s'inscrivent dans des clubs pour s'adonner à des activités artistiques : ici, la création a une dimension sociale, on est très loin de l'image de l'artiste maudit qui ne peut créer que dans la solitude et la douleur.
La première exposition avait lieu au Musée Préfectoral des Beaux Arts tout proche. Sur ce tableau, qui représente justement la promenade de Mizube no Mori, vous reconnaîtrez le cargo scandinave Wallenius Wilhelmsen qui figure aussi sur ma photo, et qui est en construction dans le chantier naval de Mitsubishi. L'autre exposition se tenait dans la galerie d'un centre commercial dans les arcades de Hamano-machi. J'y ai retrouvé le jeune patron du restaurant italien « Cucina Cinque », qui m'a fait la réclame de sa soirée « Vino Novello » programmée le 11 novembre prochain, avec un peu d'avance sur le Beaujolais Nouveau. 3000 yens pour boire jusqu'au bout de la nuit en dévorant ses délicieuses pâtes au canard, pourquoi pas !

Quel dommage que le pacsé ne soit pas là pour en profiter ! Car, comme l'aura remarqué le lecteur attentif, le pacsé n'est pas là : il est parti mercredi faire un tour du côté de la capitale, pour accueillir nos voisins parisiens dont c'est le premier séjour au Japon.

Pour affronter ses huit heures de train, il a soigneusement préparé les provisions ci-contre : tartelettes à la crème de fraises, chips aux trois fromages (parmesan, camembert, cheddar) et encore une autre variété de chips au goût indéterminé. Que du diététique, quoi ! J'ai lâchement profité de ce qu'il était en train de descendre les poubelles pour prendre ce cliché accablant. Hélas, il pourrait facilement en avoir autant à mon service : ma bonbonnière se vide à un rythme vertigineux.

J'espère qu'ils auront beau temps dans l'est du Japon, car ici, c'est plein soleil sans interruption depuis plus d'un mois, ce qui donne envie de se promener tout le temps.
La semaine dernière, nous sommes encore allés nous perdre dans les collines, dans ce qui serait le plus vieux quartier de Nagasaki, car on y trouve les vestiges de ce qui aurait été un château féodal.
Ici comme ailleurs, la proximité des cimetières et des habitations nous frappe. Les tombes semblent trop anciennes pour inspirer autre chose qu'une satisfaction esthétique devant la grâce des statues bouddhiques.
Plus haut dans la colline, un rideau de bambous très élancés nous cache un moment le ciel.
On aperçoit le monastère Shuntokuji, qui a été bâti à la place d'une église catholique appelée « Todos os Santos ». Encore une manifestation du pouvoir du Bakufu après le bannissement des chrétiens ?
Au premier plan, on voit briller une toile d'araignée, de celles qui épouvantent tant le pacsé…
Ce sont les couleurs flamboyantes des érables, les momiji, qui nous rappellent que nous sommes en automne.
Ce soir-là, nous avons dîné au restaurant où mes collègues m'avaient invitée pour mon anniversaire. Le pacsé trouve que je lui fais parfois manger des choses bizarres…
Le pacsé n'est pas là mais je n'ai pas encore eu le temps d'éprouver cruellement son absence, car dès jeudi Adrien et Pablo ont débarqué à Nagasaki (ils étaient venus au Japon pour le mariage d'un copain à Fukuoka) : bien entendu, nous avons fini la soirée au karaoke, où Adrien et moi avons chanté tout le répertoire disponible de Tears for Fears. On commence à se sentir salement trentenaires…

Vendredi et samedi, j'étais d'astreinte pour la fête de l’École (alors que vendredi était férié au Japon, et qu'en principe je ne travaille pas le samedi : cherchez l'erreur…) Mais au final c'était assez sympa, et ça m'a gonflé de fierté de voir que mes étudiants se donnaient tant de mal pour que la fête soit réussie.

Bref, encore un week-end qui a passé en coup de vent, et comme la semaine s'annonce chargée, je vous laisse sans plus de circonvolutions.

Comments:
C'est le tempura d'un poulpe (tako) que ton pacsé est en train de manger ? Je crois voir quelque chose de rond, comme la tête d'un poulpe...
 
Mais non ! On dirait plutôt que c'est la tête d'une daurade... Kasira no kara-agué ?
 
Oui, c'est une tête de poisson, et très probablement de daurade en effet, puisque ce restaurant est spécialisé en taimeshi.
 
En tout cas j'ai mangé tout ce qui était mangeable dans cette tête la, et c'etait délicieux... Le fait est que ce pays est un havre de gastronomie et de diététique. et il font des trucs chimiques extraordinaires aussi !
 
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