25 décembre 2006

 

Série cadeaux (1) : la Mère Noël

Au Japon, les échanges de cadeaux ponctuent régulièrement la vie sociale, comme autant de petites attentions qui entretiennent les bonnes relations entre collègues, entre voisins et entre commerçants et clients.
Par exemple, lorsqu'on part en voyage, il est impensable de ne pas rapporter des «
omiyage » (=spécialités régionales) pour les personnes qui travaillent dans le même bureau que soi. Dans certaines grandes gares, on en trouve d'ailleurs de plusieurs régions très éloignées, pour les étourdis qui auraient oublié de faire leurs emplettes avant de monter dans le train du retour…

Bref, je ne vais pas entrer dans l'exposé détaillé de cette pratique qui est déjà largement commentée sur le web. Mais, puisque c'est aujourd'hui Noël, j'ai décidé d'ouvrir une petite section qui, sans prétendre à l'exhaustivité, sera consacrée à ces petits cadeaux que je reçois au quotidien.

Je commencerai par le plus intrigant et le plus d'actualité : depuis l'année dernière, un peu avant les vacances de Noël, une mystérieuse bienfaitrice offre à tous les enseignants et étudiants étrangers de l'École un gâteau soigneusement présenté dans un joli carton, avec un sachet de gel liquide pour le tenir au frais.

J'ai tenté d'obtenir des précisions auprès du bureau des relations internationales, qui s'occupe de la distribution desdits gâteaux, mais sans succès : eux-mêmes ne savent pas de qui il s'agit. Ils sont directement livrés par le pâtissier, qui conserve jalousement l'anonymat de la commanditaire. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il s'agit d'une femme, qu'on imagine très riche et très seule.
Bon, je trouvais ça bien gentil, mais dans un monde où les bonbons sont parfois fourrés à la mort-aux-rats et les enveloppes à l'anthrax, j'ai osé demander s'il était bien prudent de relayer une action qui visait explicitement les étrangers sur le sol japonais. On m'a regardée comme si j'étais un monstre : « Quoi, voilà une personne qui pense à tous ceux qui s’apprêtent à fêter Noël loin de leur pays et de leur famille, et il faudrait qu’on repousse un acte de pure générosité ? » Après tout, ils n'avaient pas tort ; et dans le pire des cas, il y avait toujours le pâtissier contre qui se retourner.

Mais prudence étant mère de toutes les vertus, l'an dernier, je me suis délestée de mon petit carton au profit de deux étudiantes (japonaises) qui louchaient dessus avec gourmandise. (Bon, là, je me fais plus machiavélique que je ne suis : en réalité, j'avais un dîner entre collègues ce soir-là, le carton m'aurait inutilement encombrée au restaurant, d'autant plus que le gâteau, bien que de bonne taille, était trop petit pour être partagé entre nous tous).

Mes deux étudiantes étant toujours en vie et manifestement bien portantes, cette année j'ai gardé le gâteau pour moi.
Comme vous le voyez, il était très joli, avec ses fraises, son nappage chantilly, son petit Père Noël en meringue, sa cloche en chocolat et sa bougie (comme ça, on peut fêter en vrac Noël, Pâques et son anniversaire…) Sous la crème, une génoise fourrée à la mandarine fraîche. Je me suis bien régalée, merci à l'énigmatique donatrice !


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