18 juin 2006

 

C'est cuit !


J'ai trouvé la parade pour enrayer l'invasion des baies rouges, tout en faisant œuvre charitable : j'ai apporté les tomates-cerises offertes par le garde de l'École au dôjo, où elles ont fait le bonheur de quelques archers déshydratés, pendant que je m'entraînais à lâcher prise. Je ne me cramponne plus au manche de l'arc comme une désespérée, mais ce n'est pas pour autant que je touche la cible. « C’est parce que tes bras ne sont pas parfaitement alignés au moment où tu décoches la flèche », m’a expliqué l’autre Monsieur Nagano. « Ce n’est pas tout de viser la cible qui est à 28 mètres devant toi, il faut également que ton bras droit tende derrière toi vers une cible imaginaire pour que bras et tronc soient parfaitement perpendiculaires, ce qui est la condition d'un tir droit ». C'est ça qui est à la fois passionnant et désespérant avec le kyûdô : on a à peine le sentiment d'avoir commencé à corriger un défaut, qu'un autre surgit. N'empêche que j'ai l'impression de faire davantage corps avec l'arc depuis que je lui laisse plus de jeu, comme si j'étais enfin devenue un simple ressort à son service.

J'ai quitté le dôjo un peu plus tôt que d'habitude pour me rendre à la salle de concert où allaient se produire la chanteuse Mouron et son pianiste Terry Truck, qui m'a charmée par son flegme tout britannique quand je l'ai trouvé plongé dans la lecture du Lonely Planet Japon à deux heures du début du spectacle, alors qu'autour tout le monde était dans l'effervescence des derniers préparatifs.

Le concert, qui ressuscitait Brel avec une belle intensité, a fait salle comble ; quelques Japonais m'ont confié par la suite qu'ils regrettaient de ne pas parler français pour pouvoir saisir toutes les nuances de ces chansons dont la charge émotive n'avait pas manqué de les toucher. Moi, ce qui m'a touchée en plus, c'était d'apprendre en discutant avec les uns et les autres comment s'était montée cette tournée au Japon, et à quelle somme d'événements improbables, de coups de foudre artistiques et d'amitiés indéfectibles elle tenait. J'imagine que ce métier doit comporter son lot d'angoisses et de traversées du désert, mais ce soir-là je l'ai vu sous son plus beau jour de complicité et de passions partagées.

Et comme toutes ces bonnes ondes sont communicatives, malgré mon statut de totale amatrice, je n'ai pas hésité à les emmener pour leur première expérience de karaoké lorsqu'ils en ont exprimé l'envie, et à m'égosiller sans retenue (dommage que le talent, lui, ne soit pas communicatif !) C'était assez surréaliste d'entendre cette voix à la Piaf entonner Sous le ciel de Paris dans le sous-sol d'un karaoké box éclairé au néon. J'aurais préféré leur présenter l'atmosphère plus cosy et chaleureuse d'un snack, mais là ce sont eux qui ont fait les timides, préférant l'intimité d'une pièce privée.

Après cette évocation du kyûdô et de la chanson, je me devais de vous donner un aperçu plus concret de mes facultés artistiques. C'est chose faite grâce à mon collègue Tetsuya, qui a rapporté de Hasami nos poteries enfin cuites et vernies.
On dit souvent que les créations sont à l'image de leur auteur ; alors, saurez-vous distinguer mes « œuvres » de celles de mon pacsé ?



Comments:
Chère Lectrice,

Je relèverai le défi, et n'hésite pas à t'attribuer les chats, mais sur des critères qui n'ont rien à voir avec l'esthétique.
La sortie avec l'équipe Mouron, tu verras, ça restera un des moments forts de ton séjour. Les artistes, homologués ou pas, ils nous laissent toujours quelque chose.

L'Ankou
 
Les chats, l'un fait "momi-momi" comme disent les amatrices (?) japonaises de chat, l'autre est supposé faire sa toilette ?
 
« Momi-momi » ? Wakarimasen !
J'ai en effet modelé un de ces deux chats, mais lequel ? That is the question !
 
Une chance sur deux : celui qui fait sa toilette ?
 
Perdu ! C'est l'autre, le marron.
Mais comme dit le proverbe : « Malheureux au jeu, … »
 
Momi-momi, c'est que le chat pétrit avec ses pattes(en nous faisant mal avec ses ongles!), et parfois comme celui-ci, en tirant ses pattes en avant, très content ! A ces moments, les chats sont très mignons, comme ce chat marron !
* momu = masser
 
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