06 avril 2006

 

Les Japonais, ces gourmets de génie

Hier, je vous ai baladés entre le Wyoming et le Pérou, donc il serait peut-être temps de revenir un peu à Nagasaki, ou du moins au Japon, sans quoi on va me reprocher d'avoir attribué un descriptif mensonger à ce weblog.
Alors aujourd'hui, je vais vous parler des onigiri, ces boulettes de riz généralement fourrées et enveloppées dans une feuille d'algue séchée appelée nori, qui sont des casse-croûte très appréciés.

Par exemple, sur cette photo, vous avez des onigiri triangulaires avec 3 garnitures différentes :
Ha ha, allez-vous me dire, je me vantais dans une note précédente d'avoir pris l'exercice à contre-pied avec mes petits pains et mes fromages qui puent, et voilà que j'y viens finalement. Hé bien, pas tout à fait (et lorsque ce sera le cas, je ne chercherai même pas à me justifier, d'abord !) En fait, je vais surtout vous parler de l'emballage des onigiri, dont l'ingéniosité ne cesse de m'émerveiller.

Car qu'est-ce qui est bon dans le onigiri, outre sa garniture ? C'est le contraste entre le craquant de la feuille d'algue séchée et la mollesse humide des grains de riz.
Dans la cuisine japonaise, la texture des aliments a en effet au moins autant d'importance que leur saveur : on peut apprécier un mets aussi fade que le konnyaku pour son élasticité et la résistance particulière qu'il offre sous la dent (en outre, c'est excellent pour la santé !)
Bref, pour en revenir aux onigiri, pas question pour nos amis japonais de se satisfaire d'une feuille de nori complètement ramollie et détrempée par le contact prolongé du riz. Que faire alors ? Emballer séparément le triangle de riz et la feuille d'algue, au risque de se dégueulasser les doigts au moment de l'assemblage ? Non, certainement pas. La solution japonaise est toute bouddhique : ce sera emballé à la fois ensemble et séparément, et on ne se salira pas les mains.

La démonstration en images :
Prenons au hasard le onigiri fourré à la prune salée. Soulevons-le.
Sur la base du triangle, on remarque un petit schéma explicatif. Analphabètes, étrangers, ces dessins s'adressent à vous.

Il s'agit donc dans un premier temps de tirer complètement sur la languette rouge qui traverse le triangle en son milieu.

Voilà qui est fait.

On obtient ainsi deux nouveaux triangles de plastique de chaque côté de la déchirure centrale.

Maintenant, il va s'agir de faire coulisser latéralement vers l'extérieur chacun de ces triangles qui, croyez-le ou non, sont de double-épaisseur, enveloppant ainsi non seulement l'extérieur de la feuille de nori, mais aussi l'intérieur pour en assurer l'étanchéité.

Vous voyez comme c'est facile, ça ne colle pas et ça part tout seul.

Et voilà le travail : il ne reste plus qu'à répéter l'opération de l'autre côté, et vous obtiendrez un magnifique onigiri à la feuille de nori bien craquante.

Il n'empêche que vous vous laverez les mains après avoir mangé : on n'est pas des sauvages.


Demain, il n'y aura pas de nouvelle note, car je vais découcher pour aller jouer au docteur avec un collègue.

Le pire, c'est que c'est vrai, même si ce n'est bien sûr pas aussi scabreux que la manière dont je le présente : l’École envoie tous les profs en week-end d'intégration forcé, et il va falloir qu'on fasse les clowns pour amuser les nouveaux élèves.
Vraiment, ce boulot est parfois à la limite de l'humiliation !

Je vous souhaite donc d'avance un bon début de week-end, en espérant trouver à mon retour des commentaires délirant d'enthousiasme sur les emballages japonais !


Comments:
Chere Lectrice,
Je te remercie de me livrer enfin le secret de la degustation du onigiri en triangle, une enigme pour moi depuis 1996, annee ou j'ai pour la premiere fois mis les pieds dans le quartier de Baba, ou j'ai decouvert sur le chemin de Waseda un marchand d'onigiri que je devastais a longueur de temps. Cependant je me suis toujours humiliee en ne sachant que faire de ce fichu plastique, en finissant par tout manger dans le desordre (voire separement, SO shocking) et a m'en foutre partout, avec les doigts constelles de paillettes vertes fonce a la fin (on a beau se les sucer, ca continue de coller).
Bien a toi,
"Chantal" la Francaise, la femme a Q.
 
La forme et la couleur du stéthoscope indispensable à ta fonction pédagogique sont intéressantes... Ca promet, le lâchage organisé d'universitaires japonais.
Quant à tes emballages, après avoir cru d'abord à une vulgaire version orientale du Babybel, on s'incline, évidemment.
 
Hé, la lectrice, on se réveille?
Rien à se mettre sous la dent depuis le 6, et nous sommes le 13. Il y a longtemps que les onigiri sont digérés, avec leur emballage!
Fissa! Fissa!

Le Demi-Jo (ou Jaud?)
 
Heureuse d'avoir pu éclairer la lanterne de certaine, et d'avoir pu porter un coup décisif à l'occidentalo-centrisme d'une autre. Quant à la suite du blog, c'est déjà là ! :-p
 
Enregistrer un commentaire



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?