05 avril 2006

 

Aux forçats de la route

Cette fois-ci, je suis allée au cinéma toute seule, car je me voyais mal proposer à des élèves de m'accompagner voir « Brokeback Mountain » : un coup à se faire virer sans préavis de l'École ! J'étais d'ailleurs assez étonnée qu'il passe à l'United Cinemas alors que l'homophobie semble être la norme dans le coin.

J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à comprendre l'accent des bouseux du Wyoming (et je n'arrivais pas à lire tous les sous-titres en japonais), donc je n'ai pas bien suivi la partie où Ennis raconte le souvenir traumatisant qui a marqué son enfance, mais cela ne m'a pas empêchée d'avoir la larme à l'œil. Quand les lumières se sont rallumées dans la salle, j'ai pu voir qu'il n'y avait autour de moi que des jeunes femmes qui pleuraient comme des madeleines (mais c'est sans doute aussi parce que mercredi, c'est « Ladies’ day » à l'United Cinemas : la place est à 1000 yens au lieu de 1800 pour les femmes, de quoi donner aux machos d'ici une bonne raison de se travestir !)

Bref, j'avais un peu le bourdon sur le chemin du retour, à écouter en boucle sur l'iPod la chanson «
Il n’y a pas d’amour heureux » (version Keren Ann & Tanger) pendant que le bus filait dans la nuit.

Mais c'est alors que j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres, non pas une invitation pour un rendez-vous galant sur le mont Brokeback, mais quelque chose d'au moins aussi exotique :

Et à part la photo représentant un berger conduisant son troupeau d'alpagas à 3900 mètres d'altitude, il y avait aussi ça dans l'enveloppe :

Ça, c'est une pièce d'1 sol : un nuevo sol, dit la gravure.

Et l'espèce de tricycle bleu, c'est l'engin extraordinaire qu'un couple de copains a conçu pour pouvoir partir ensemble en expédition pendant 9 mois dans la cordillère des Andes (lui n'a pas l'usage de ses jambes, donc ils ont imaginé un modèle de vélo-tandem où il puisse pédaler avec les bras).
Après le Mexique, le Guatemala et l'Équateur, les voilà au Pérou.

Alors franchement, les cowboys du Wyoming, ce sont des tapettes à côté de mes potes !


Et comme je suis décidément très partageuse ce soir, je vous montre le petit message sympa qui était écrit derrière la photo :
Merci Clarita, grâce à toi, ce soir, Nagasaki c'était vraiment le Pérou ! Et sans rancune pour tous les malheureux perdants qui n'ont pas su deviner à temps ce que notre valeureuse cycliste chantait à tue-tête en pédalant.
(Au passage, je salue l'efficacité de l'acheminement postal : une petite semaine pour faire Pisco -Nagasaki, c'est aussi rapide que depuis Paris !)

Comments:
J'en suis convaincu désormais: A voir la variété des sujets, tu es faite pour le blog.
Et tu es mille fois plus attendue que le feuilleton du jour.
Bises,
Lankouloin.
 
Tes potes péruviens mettent incontestablement la barre très haut...
Brokeback, j'ai hésité à aller le voir, mais j'ai eu peur de ce que j'avais entendu dire à la radio par une mauvaise langue: que ça ressemblait à une pub Marlboro. Je note d'ailleurs que tu n'as pas l'air totalement convaincue. En tout cas, je suis d'accord avec le commentaire précédent: ton blog a de la ressource ; on y trouve même une rubrique cinéma. On compte sur toi: the show must go on.
 
Va donc dire ça au cowboy Marlboro, et je ne donne pas cher de ta peau : à coups de santiag, qu'il va te ratatiner la face !
Plus sérieusement, c'est vrai qu'il y avait quelques ficelles un peu trop grosses pour que je marche complètement dans la combine, mais les acteurs étaient vraiment excellents, et le choix de faire démarrer leur aventure dans les grands espaces sauvages ne me paraît pas seulement esthétique (ou esthétisant): je pense que ce cadre, qui évacue la question du bien et du mal, se prête bien à imposer l'évidence de l'amour et de la montée du désir entre 2 hommes trop frustes pour exprimer verbalement leurs émotions. Comme disait Jacques Villeret dans «L’Été en pente douce»: «C'est la nature !» Et pour être frustes, ces 2 hommes n'en sont pas moins émouvants : l'un est épouvanté, dépassé par ce qu'il ressent, et tente d'expulser cela dans des accès de violence ; l'autre encaisse les coups, et attend patiemment, amoureusement, que le premier se vide et s'abandonne enfin. C'est fort et ça fait mal, c'est l'amour fou, quoi !
En conclusion, et malgré quelques réserves, c'est un film que je te recommande.
Merci de cautionner le commentateur précédent, mais j'ai des raisons de penser qu'il n'est pas tout à fait impartial (pas plus que toi en tout cas !)
 
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